Lors des vœux à la presse, le président du Groupement des industries françaises aéronautique et spatiale (GIFAS), Éric Trappier, également président de Dassault Aviation, s’est montré plutôt optimiste pour 2021 en dressant un tour d’horizon de cette année écoulée. La première chose à retenir de ce bilan est le chiffre de 30000 emplois sauvés pour une crise qui a « ruiné 10 années de croissance du transport aérien commercial ». En fait, selon le dirigeant, la baisse d’activité, tant sur le plan de la production industrielle que sur celui du transport, aurait dû engendrer 60000 licenciements, la moitié de cet effectif a pu conserver un emploi. Ce chiffre est à mettre sur le compte de plusieurs actions.
La première est naturellement un soutien massif de l’État pour supporter la filière aéronautique au travers d’un plan de soutien présenté en juin par Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie. Cette aide a également pris la forme de mesures de chômage partiel, de prêts garantis par l’État (PGE) ainsi que, depuis quelques mois, de l’activité partielle de longue durée (APLD). L’ensemble de ces mesures font dire à Éric Trappier que, non seulement, cette aide de l’État est exceptionnelle, comparée à nos voisins européens, mais qu’elle a limité la casse au plan social. Rappelons que le secteur emploie 200 000 personnes. Pierre Bourleau, le délégué général du Gifas, a affirmé que les plans de sauvegarde de l’emploi étaient limités avec peu de licenciements secs et plutôt des non-remplacements de départ en retraite.
Par ailleurs, les finances des fonds abondés par les « Big Four » (Dassault, Airbus, Safran, Thalès) ont servi en partie à favoriser des transitions professionnelles vers d’autres filières, cette démarche devant servir à éviter les licenciements tout en préservant un bon niveau de qualification des employés en évitant les départs définitifs vers d’autres secteurs, cela en prévision d’une reprise.
Pour 2021, Éric Trappier espère que, grâce aux vaccins, l’économie et le transport aérien pourront déjà redémarrer. Le secteur en tout cas se dit prêt et il veut conserver son pouvoir d’attraction professionnel : il va donc maintenir un « filet » d’embauches notamment vers les jeunes et les ingénieurs. Éric Trappier s’est risqué à un chiffre « en fonction des consolidations » : 3000 emplois possibles. Cela reste naturellement loin du niveau d’embauche habituel.
Selon le bilan du Gifas, les trésoreries ont été préservées de même que les capacités d’investissement de la filière. Le fond ACF management devrait être abondé à hauteur d’un milliard d’euros pour aider les PME à renforcer leurs fonds propres. Le fonds de modernisation de la filière est lui alimenté à hauteur de 300 millions d’euros : 136 projets sont d’ores et déjà été recensés en vue, notamment de la numérisation de la filière. Le président du GIFAS est revenu sur les projets d’avenir du secteur : les avions « décarbonés, digitaux et connectés ». Cet objectif est, selon le dirigeant, une priorité depuis longtemps des industries du Gifas, mais pour cette prochaine étape, il faudra une ou plusieurs ruptures technologiques. Pas de surprise : les programmes et commandes militaires ont également contribué à soutenir la filière.
Il est également revenu sur l’annulation du salon du Bourget, expliquant que les incertitudes étaient encore trop grandes et que le groupement ne voulait pas courir le risque de tout annuler à la dernière minute, le budget du Gifas consacré à l’événement a été réemployé vers l’aide à la profession. Enfin, il se dit confiant concernant l’aviation d’affaires qui a repris des couleurs notamment sur le marché de l’occasion. L’arrivée sur le marché du Falcon 6X en 2022 devrait profiter une situation rendue plus favorable avec l’action conjointe des politiques sanitaires et de l’efficacité d’un vaccin.