Pilotant presque toute l’année pour des raisons professionnelles, nous consacrons quelques jours de nos vacances d’été à voler au gré des vents et de nos aspirations. Parfois, nos élucubrations finissent par prendre de l’ampleur d’une aventure majuscule partagée avec vous sous la forme d’un raid de folie, parfois elles restent bien modestes et ne demandent, du fait de l’expérience liée à la pratique, aucun effort particulier. Le seul paramètre pris en compte, à part la disponibilité en carburant aéronautique, est le temps qu’il va faire. Si l’IFR permet de voyager sans se soucier de la hauteur des nuages, la terre vue du ciel perd de son intérêt quand il n’y a pas de soleil ou qu’elle est masquée. Or, cet été, par chance, il faisait beau partout mais il y avait partout, de la morbidité dans l’air. Nous avons donc adapté à ces circonstances particulières un conseil précieux que nous avait donné autrefois un oiseau migrateur, le seul qui permet de voler sereinement en VFR : « Ne jamais s’obstiner sur un choix de destination, toujours accepter de changer son fusil d’épaule dans l’instant. » Ainsi, au lieu d’aller vers l’archipel des Féroé, perdu entre l’Écosse et l’Islande où nous étions attendus depuis des mois, sur un de ces cailloux où l’on compte cent fois plus de moutons que d’habitants et un million fois plus de pétrels et macareux, nous avons mis le cap sur la Corse.
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