Ce matin, jour de bouclage, je viens d’apprendre que l’aérodrome de Lausanne – la Blécherette a été envahi par des jeunes, membres de XR Youth, qui, par le blocage de la piste et des installations, réclamaient l’arrêt immédiat des vols « qui ne profitent qu’à une infime minorité alors que la planète connaît une crise climatique sans précédent ». C’est une première en Europe, mais qui démontre que les mouvements écologistes passent à la vitesse supérieure, tout en ignorant la réalité des chiffres concernant le bilan carbone de l’aviation, et en faisant fi des activités économiques associées.
Coïncidence ensuite, je venais de recevoir la veille d’un lecteur et ami, Claude Gelès, un courrier dénonçant la démagogie écologique, me conseillant de faire appel à Jean-Baptiste Djebbari.
Coïncidence enfin, je pensais justement disserter sur la soumission de la majorité des Français aux diktats d’une minorité de « Khmers verts ».
Bon, il n’y a aucune coïncidence dans tout cela, la maison aviation brûle, tout le monde s’affole.
J’ai donc appelé Claude à Genève pour le prévenir de mon intention de le publier en première page « in extenso », il a décroché à la première sonnerie, ce qui était un bon signe, et moi qui spleenais depuis les dernières annonces gouvernementales démago pour sauver la France et la planète en détruisant l’aviation, j’ai aussitôt retrouvé le sourire. D’abord, Claude Gelès a accepté ma proposition, ensuite, ce diable d’homme est d’un optimiste communicatif, son intelligence est aiguë, son discours est précis car c’est un spécialiste de toutes les formes d’énergies, et particulièrement de l’atome, parce que, bien qu’ingénieur ENAC, il a surtout exercé au CEA, puis au CERN, avec la qualification de haut fonctionnaire international. Et, du fait de son réseau incroyable, il peut nous être utile. Voici donc ce qu’il m’a écrit : « En cette période où tout semble se liguer contre l’avion, je pense qu’il y a une tentative à faire du côté des autorités gouvernementales. Nous avons la chance d’avoir « l’un d’entre nous » au gouvernement, il s’agit de Jean-Baptiste Djebbari. Il faudrait que ton prochain édito soit adressé à lui et, en même temps, lui parvienne physiquement. La suppression des lignes aériennes intérieures, déjà desservies par le train, demandée par les écolos, est une occasion unique. Comme dans le judo, il faut utiliser la force de l’adversaire !
Pour fonctionner de manière efficace, techniquement et économiquement, notre pays jacobin en est incapable avec ses moyens actuels : si un industriel, un ingénieur, un simple citoyen ou autre veut aller rapidement d’un point à un autre de l’Hexagone, il ne peut le faire qu’en passant par Paris, la plupart du temps. Il est impensable de faire un Lons-le-Saunier Biarritz et retour dans la journée. Supposons que l’on soit contraint de le faire pour des raisons professionnelles ou familiales, je te laisse calculer le temps, les coûts et la fatigue que cela représente.
Il se trouve que la France est encore dotée d’un magnifique réseau d’aérodromes, par ailleurs refuges d’une faune et d’une flore importante. Ce réseau doit non seulement être préservé, mais aussi étendu dans l’intérêt des habitants. Leur proximité doit être interdite de construction (ou soumise à conditions), seuls les habitants qui étaient là avant l’aérodrome auraient leur mot à dire, comme c’est le cas en Suisse. Il conviendrait aussi de rappeler le vieil adage américain : un mile de route ne mène nulle part, un mile de piste mène partout ! Il n’y aura jamais de trains allant partout !
Du fait des moyens de navigation actuels, aucune infrastructure au sol, ni personnel, n’est nécessaire désormais, à part un balisage de piste automatique, une station de carburant et des pompiers municipaux. Notre ministre doit bien le savoir, car il volait sur PC-12. Il faut donc qu’il démontre que l’aviation générale est un atout pour la France, à la fois au plan écologique, économique ainsi que pour les relations internationales. Ce serait se tirer encore une fois une balle dans le pied que de détruire cette richesse mise en place par nos aînés.
Profitons que Jean-Baptiste Djebbari soit encore là pour faire passer ce message à nos capables. Sur le plan énergétique, arrêtons d’écouter les imbéciles, rien ne remplacera le carburant, sauf l’énergie divine. Dans un litre d’essence à la pression atmosphérique, l’essence ou le Diesel sont les vecteurs de transport d’énergie les plus économiques, la petite voiture électrique étant un cas à part pour la propreté des villes. Ni l’hydrogène (à part pour les fusées) ni l’électricité ne pourront jamais la concurrencer. N’insultons pas l’avenir par des choix stupides ! »
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que Jean-Baptiste Djebbari est « l’un des nôtres ». Depuis sa première nomination au gouvernement, j’avais remonté sa trace, entre l’Aéroclub Air France de Lognes, la DGAC, la péniche de Gérard Feldzer, un ami commun, et ce n’était pas ce que j’avais perçu. Aurais-je été victime de mon flair et, sans doute, de préjugés sur la gente politique ?
Jacques CALLIES