Le Robin DR 400 est aussi attaché à l’histoire de la France aéronautique que la moutarde à Dijon. Qui n’en a jamais ramassé de la pointe d’un couteau pour relever une viande un peu fade ? Il en va de même avec le DR 400 avec lequel j’ai fait, comme beaucoup de pilotes français, mes premières armes en 1973 après avoir débuté ma formation sur un Cessna C150. Entre les deux machines, la différence au niveau agrément de pilotage était flagrante, même pour un béotien, comme moi, ce dont je m’étais étonné, ce qui avait amusé René Fournier, le concepteur des Avions Fournier, croisé lors d’un reportage, qui m’avait taquiné par cette pique que j’aime rappeler car elle est frappée au coin du bon sens : « Un avion qui se pilote, cela a forcément un manche ! » Et, comme un fait exprès, on en trouve en escadrille dans tous les aéroclubs de France, où ils servent à la fois pour le voyage et l’école. Si je totalise peu d’heures sur DR 400, un avion d’aéroclub par excellence, rarement de propriétaire, donc difficilement louable sans intégrer une structure associative, il m’est arrivé de m’en voir confier un par des présidents amis et, à chaque fois, j’ai toujours pris du plaisir à piloter cet avion réussi, simple et amusant, aux commandes de vol vives, équilibrées, sans effets secondaires marqués et à l’aile qui pardonne pratiquement toutes les fantaisies. Souvent, j’observe depuis mon bureau, lorsque le vent est violent et cisaillé, des DR 400 pratiquement arrêtés à bonne hauteur et, alors que j’appréhende un retour brutal aux réalités de la pesanteur, ils se contentent de retomber délicatement vers le sol, à la façon d’une fleur que l’on coupe. Cela me fascine toujours.
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