Le Brevet d’Initiation Aéronautique a la particularité d’être un diplôme de l’Education Nationale proposé à partir de la classe de Troisième dans certains établissements scolaires. C’est pour les jeunes une première entrée dans le monde aéronautique qui leur facilite la poursuite de leur formation pour devenir pilote privé (notamment par l’acquisition d’une bourse).
Cette années, plusieurs bénévoles, professionnels du secteur – pilotes, contrôleurs –, ont passé au crible les questions de l’examen 2018 auxquelles ont répondu les candidats du BIA et du CAEA (Certificat d’Aptitude à l’Enseignement Aéronautique) et ont remarqué que certaines d’entre elles étaient inadaptées, voire même fausses. Ils ont adressé une lettre au jury d’examen du BIA dont voici le contenu :
LETTRE OUVERTE AU JURY D’EXAMEN DU BREVET D’INITIATION AERONAUTIQUE
Nous sommes des professionnels de l’aéronautique, qui avons participé bénévolement depuis deux ans à la formation d’élèves du BIA et de professeurs du CAEA.
Nous totalisons tous, entre 30 et 40 années d’activités, entre 10 000 et 20 000 heures de vol, une expérience dans le domaine aéronautique couvrant l’instruction à tous les niveaux, le travail aérien, l’aviation d’affaires et l’aviation de ligne.
Les professeurs et élèves, candidats au BIA, sont volontaires, passionnés, à la recherche d’une vocation ou d’un nouveau projet de vie. Ils ont effectué environ 50 heures de formation pour passer l’examen que votre jury a créé.
Nous avons donc étudié attentivement ce questionnaire 2018 et nos conclusions sont malheureusement réalistes :
- 25 questions ne sont pas du programme du BIA,
- 35 questions ne sont pas du programme du CAEA,
- 10 questions sont incohérentes ou incomplètes,
- 11 réponses sont incomplètes ou fausses,
- 31 questions ne présentent pas d’intérêt aéronautique pour le niveau des candidats et les objectifs de l’examen.
Ceci représente 55 questions sur un total de 145 questions qui présentent un vice, au propre comme au figuré.
En effet, quelles sont les connaissances que l’on peut exiger d’un candidat au BIA ? Ou au CAEA ?
Pour le BIA, le programme est assez vaste mais le terme INITIATION impose des questions simples. Il faut valider ce qui doit être connu, ainsi que ce qui doit être compris.
Pour le CAEA, les professeurs ont le droit de ne pas être des mathématiciens ou des physiciens, il faut donc vérifier simplement l’aptitude à enseigner une initiation aéronautique à des élèves volontaires et motivés.
Nous devons donc rester impérativement dans le domaine du « Need to know » et proscrire le « Nice to know » qui pourra être évoqué pendant la formation ultérieure si elle a lieu, mais en aucun cas être exigé dans un questionnaire d’examen.
Les résultats 2018 sont en diminution d’environ 20%.
Doit-on en conclure que les candidats de cette année sont moins motivés, moins compétents ?
Non, bien sûr, et c’est bien dans l’élaboration de l’examen que réside l’anomalie constatée.
En effet, nous observons que 10 questions et 11 réponses sont incomplètes, incohérentes ou fausses, ce qui démontre un manque de compétence et de rigueur chez les concepteurs. Faire une relecture attentive auprès de personnels compétents aurait été un gage de respect des procédures. Poser des questions simples et claires balayant le vaste domaine du programme et rien que le programme aurait été une preuve d’honnêteté intellectuelle.
Toutes ces compétences sont à la base du savoir faire aéronautique, sans lesquelles aucun retour d’expérience ne saurait exister, au détriment de la sécurité.
Le domaine aéronautique est si vaste que point n’est besoin de proposer 31 questions ne présentant pas d’intérêt aéronautique pour un tel niveau d’initiation.
Nous voulons donc dire collectivement combien le malaise est grand parmi nous d’avoir partagé un discours rigoureux, positif, et optimiste, pour finalement voir nos élèves confrontés à un examen totalement décalé par rapport aux objectifs, et aux valeurs fondamentales du monde aéronautique.
Notre initiative s’apparente à un retour d’expérience, cher au monde aéronautique, et nous espérons que cette démarche facilitera une réflexion en vue de faire évoluer le jury, pour plus de compétence, de rigueur, de respect des dizaines de milliers de candidats qui s’investissent avec passion, et dont nous n’acceptons pas que puissent être détruites ainsi leurs espérances, voire leur vocation.