Opérant sur un même territoire, mais avec des flottes sensiblement différentes, les deux compagnies Air Austral et Air Madagascar étaient presque faites pour s’entendre. Début février, à l’occasion du passage par Paris des deux représentants Marie Joseph Malé pour Air Austral et Besoa Razafimharo pour Air Madagascar, un partenariat stratégique a été officiellement annoncé. Cette direction a été prise, il y a quelques mois, quand les dirigeants de la compagnie Air Austral, avant de « s’associer » (voire de contribuer) au redressement d’Air Madagascar, ont obtenu un certain nombre de garanties de la part de l’État malgache concernant la viabilité d’Air Madagascar : un apurement des dettes de la compagnie et un engagement à moderniser les infrastructures aéroportuaires. En contrepartie, Air Austral va apporter une expertise opérationnelle et logistique qui peut aller de la réalisation du planning des vols au déploiement de son CCO au profit d’Air Madagascar. La compagnie malgache va donc recevoir un soutien de poids. Air Austral a, de son côté, des ambitions : la première est très certainement de « récupérer » des passagers pour maintenir son business modèle qui dans les mois à venir risque d’être sérieusement menacé avec l’arrivée des nouvelles low cost long-courriers. Les deux principales sont Norwegian et Level du groupe IAG. Les chiffres d’Air Austral ne sont pas bons et il a été annoncé en interne que 2018 ne sera pas meilleure. Au-delà des pax, Air Austral souhaiterait également « profiter » du réseau européen d’Air Madagascar qui serait alors une perspective de croissance pour la compagnie réunionnaise. Autre volet de cette stratégie de rapprochement : il pourrait être intéressant de céder (voire confier) l’exploitation du dernier ATR d’Air Austral à Air Madagascar qui en utiliserait ainsi trois pour son réseau domestique. Air Austral pourrait être intéressé par un Boeing 737-700 d’Air Madagascar. Cet appareil dispose de capacités intéressantes pour l’exploitation en direction des Comores… Ce rapprochement devrait donc permettre la création d’un groupe aérien et Air Madagascar prévoit de doubler son chiffre d’affaires dans les deux prochaines années. Le rapprochement a une autre finalité : celle de peser plus lourd face à un grand constructeur. En effet, la flotte d’Air Madagascar est vieillissante et le partenariat prévoit un changement d’appareils. Les Twin Otter et les Airbus A340 sortiront de flotte. Les contrats avec ATR devront être renégociés, faute de quoi, les deux compagnies passeront à la concurrence, à savoir vers le Q400. Au total, le groupe pèsera 26 appareils.
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