La fusion des trois compagnies Regional, Brit Air et Airlinair est effective depuis 2016, elle avant été lancée trois ans plus tôt. Il semble, à la lecture d’un rapport commandé à Impact Etudes par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), que cette fusion ne s’est pas faite dans des conditions optimales. Le rapport pointe des dysfonctionnements qui relèvent des risques psychosociaux. L’un des chiffres les plus alarmants est sans doute celui qui affecte les OPL CRJ et Embraer : 5 % d’entre eux seraient, selon leur déclaration, proches du syndrome d’épuisement professionnel, mieux connu sous le terme de burn out… Cette affection touche également, selon le rapport, 1 % des commandants de bord Embraer. La nouvelle organisation a généré un surcroît de fatigue au point que 15 % des pilotes se disent épuisés (souvent ou très souvent) et 38 % connaissent des moments où ils sont à bout de souffle. Ils décrivent dans le rapport une charge cognitive à 88 % sur une échelle de 100. La charge cognitive est l’intensité du traitement cognitif mis en œuvre par un individu pour accomplir une tâche. Avec ce chiffre, les PNT estiment donc qu’ils sont proches du maximum de ce qu’ils peuvent accepter comme tâches ou stress supplémentaires. Ils affirment qu’ils n’ont pas le temps de s’approprier les procédures qui changent souvent. Au-delà de cette fatigue, le rapport explique que la fusion ne s’est pas traduite par la création d’une entité de substitution permettant aux personnels et plus particulièrement les pilotes de faire le deuil de leur ancienne organisation. Ce manque est d’autant plus important que chacun dans sa compagnie respective est très attaché à son outil de travail et à l’histoire de sa compagnie ; les pilotes se sont beaucoup investis dans leur job depuis des années. Par ailleurs, la relation avec Air France, la maison-mère est ambiguë. Cette dernière fait vivre HOP ! en affrétant ses appareils, mais la scope clause apparaît aux yeux des pilotes de HOP ! comme un frein au développement de leur compagnie. En effet, cette clause interdit aux avions de plus de 110 passagers d’être pilotés par d’autres PNT que ceux d’Air France. Une protection de périmètre mise en place par le SNPL. Cela contraint donc HOP ! d’exploiter des modules de plus petites tailles. Autre point noir vécu comme une injustice : devoir passer les sélections comme n’importe quel autre pilote professionnel extérieur au groupe pour devenir PNT au sein d’Air France. Et pourtant, les pilotes volent depuis plusieurs années sous les couleurs Air France. Ils n’hésitent pas à dire que le SNPL d’Air France les considère comme des pilotes de seconde zone… Dans ce cas où ils réussissent, ils doivent abandonner toute ancienneté et redémarrer au bas de l’échelle (liste de séniorité), ce qui n’incite pas à la mobilité pour les pilotes de HOP qui ont un peu d’ancienneté. Les PNT ont perdu confiance dans leur direction, mais également dans celle d’Air France. Le rapport Impact Etudes pointe un « mélange pathogène » entre stress du vol, fatigue, contexte social dégradé et perte de confiance qui peut conduire au burn out. Les négociations en cours sont capitales pour la réussite définitive de la fusion. JMB
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