Le ciel est à tout le monde ! Je vous épargne le mot de Cambronne qui suit lorsque nous sommes irrités de devoir réaffirmer notre certitude quand d’aucuns ignorent ce postulat formulé jadis si justement par l’ami Gérard Feldzer, connu pour avoir été le poil à gratter de l’Autorité depuis qu’il est en âge de piloter, que ce soit un ballon à pédale, un parapente, un ULM ou un Airbus.
Notre droit de piloter et de naviguer partout en avion léger ayant été sauvegardé, de haute lutte, il restait à savoir jusqu’à quel coût nous allions continuer à piloter un avion. Eh bien, c’est fait, le seuil psychologique, celui qui fait renoncer à un achat, a été atteint, et même dépassé à en juger par la courbe décroissante du carnet de santé de l’aviation générale depuis 10 ans. Seul le secteur de l’ULM affiche une courbe de poids idéale, signe qui ne pouvait laisser éternellement indifférent les esprits bien faits.
Le 8 octobre dernier, lors d’un colloque réunissant l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA) et la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) à Issy-les-Moulineaux, les ténèbres dans lesquelles l’aviation générale était plongée depuis que l’EASA traitait sur un même pied d’égalité aviation commerciale et aviation générale – ce qui tuait cette dernière à petit feu, se sont enfin éclaircis. Et même de façon spectaculaire lorsque Patrick Ky, directeur de l’EASA, et Dominique Rolland, son bras droit, ont annoncé une marche arrière toute ! Fiat lux !
La stupeur a été aussi générale que cette décision est historique, et je crois juste d’y associer Patrick Gandil, le seul directeur ouvertement pro-aviation générale que la DGAC n’ait jamais connu, du moins si j’en crois mes souvenirs.
Ce General Aviation Roadshow EASA du 8 octobre nous console des dix dernières passées par les volontaires de l’AOPA à dénoncer, aussi bien à Cologne qu’à Bruxelles, des projets d’arrêtés démagogiques et mortifères pour l’activité dans tous les domaines : licences, opérations, entretien, équipements…
Dans l’avenir, certains diront : « J’y étais ! » Ce sera le cas d’Emmanuel Davidson qui scrute les dossiers techniques qui nous sont soumis depuis 20 ans pour le compte du magazine.
Mais il était à la DGAC ce jour-là surtout en tant que nouveau président de l’AOPA France, l’association de pilotes essentielle à la défense de nos intérêts puisqu’elle est la seule à participer aux votes des décisions de l’OACI et à siéger au management board de l’EASA.
Je veux ici féliciter ce dernier qui prend ma relève, élu à l’unanimité du conseil d’administration ce 5 octobre. Totalement bilingue, il lui sera bien plus facile qu’à moi ou à mes prédécesseurs qui ont servi l’association de défendre des positions très techniques dans le concert européen des revendications tous azimuts.
Je n’étais pas à la DGAC car je représentais au même moment Emmanuel à Bucarest où se réunissaient les 28 AOPA européennes et l’AOPA USA pour, entre autres sujets à l’ordre du jour, déterminer le nouveau leadership à venir, le Royaume-Uni ayant assumé la fonction pendant pratiquement 20 ans. Il était donc temps de donner une nouvelle impulsion à notre représentation européenne.
Il y a donc eu une révolution de palais à Bucarest, elle s’est faite sans effusion de sang et sans douleur, on devrait simplement voir nommer d’ici la fin de l’année un nouveau leader pour les AOPA d’Europe.
Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué mais disons que le hasard faisant bien les choses, ce devrait être un interlocuteur privilégié pour nous autres, Français…
Nos positions seront alors mieux défendues que jamais !