Le Portugal, l’Algarve, le port de Portimão et son petit aérodrome municipal le temps d’une petite semaine entre parachutistes venus de l’Europe entière, voilà la proposition honnête qui m’a été faite début février par l’un de mes amis, François Burgaud, pilote et propriétaire d’un Mooney Ovation2 dégivré, et accessoirement fanatique de chute libre avec plus de 12 000 sauts depuis aussi haut que 14 000 ft, sans oxygène. Il n’était bien sûr pas question pour moi de sauter, pas même en tandem, pas même avec un revolver braqué sur la tempe : j’ai toujours refusé catégoriquement les offres qui m’ont été faites car le vide me donne suffisamment le vertige pour, par exemple, exiger qu’un guide m’encorde pour franchir l’arrête de départ de la Vallée Blanche. Ceux d’entre vous qui skient apprécieront…
En fait, François désirait que je lui serve de « safety pilot » car la météo en route et un retour de nuit probable lui semblaient un peu difficiles à gérer seul. Ayant déjà volé avec lui plusieurs fois et apprécié son calme olympien sous mes remarques parfois acerbes, j’ai accepté son invitation, d’autant que je ne connaissais du Portugal que ce qu’en raconte mon voisin quand il rentre de vacances et aussi Pierre Clostermann dans plusieurs de ses bouquins. Je vous le dis, j’ai aimé. J’ai découvert à Portimão des autochtones souriants et confiants, une immense plage de sable fin, un ciel presque toujours bleu et une douceur de vivre en plein hiver bien plaisante. Je pourrais même qualifier l’endroit d’exotique car le cabo de São Vicente, le cap le plus au sud-ouest de l’Europe où, en touriste convaincu, je suis allé rêver d’espaces infinis, est « the end of the world ». On l’a du moins cru jusqu’au XIVe siècle…
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