Le Cap Nord à tire-d’aile
Par Agnès Marmelat, Photos de l’auteur et Colombo Vandi.
Magnifique, unique, déroutant, les qualificatifs ne manquent pas pour illustrer le périple Italie – Cap Nord et retour dont nous rêvions depuis des années. Tout commence le samedi 13 juin avec une journée passée aux préparatifs de l’avion sur l’aérodrome de Fano (LIDF) : contrôle instruments et essais moteur, chargement des 11 plans de vol prévus sur le GPS, plein carburant et gonflage des pneus… Tout semble prêt pour le départ prévu le lendemain matin. Reste l’imprévisible, le facteur météo. Nous espérons le meilleur car nous devons d’abord traverser les Alpes pour rejoindre Leipzig, en Allemagne, notre première escale.
Fano – Leipzig Altenburg, Allemagne.
C’est avec une petite averse de pluie que nous décollons de Fano en fin de matinée. Les prévisions météo sur le début de parcours, et notamment sur les Alpes, ne sont pas terribles… Déjà, la région de Veneto est sous des orages violents et nous devons légèrement dérouter vers l’ouest sur Verona et Bolzano. Peu avant la frontière italo-autrichienne, Padova Informazioni – le service de contrôle avec qui nous sommes reliés en permanence en cette zone – nous informe que l’espace aérien contrôlé par Innsbruck est interdit de survol à cause d’une réunion de chefs d’Etat (le NOTAM a échappé à notre attention). Nous sommes à 13 500 ft, -10 °C, au milieu de gros nuages. Réchauffement pitot déjà branché, nous cherchons un passage en dehors de la TMA de Innsbruck. Avec beaucoup de disponibilité des contrôleurs italiens, Padova nous coordonne une voie alternative avec déroutement et le survol de l’aéroport de Kufstein (LOIK), en Autriche, en dehors de l’espace interdit. Nous insérons LOIK dans le Garmin 530 et une ligne magenta apparaît. « Direct to » et après 15 minutes nous sommes sur le point.
Un périple de plus de 3800 Nm.
Un équipage heureux de partir à l’aventure.
Fano – Leipzig Altenburg, Allemagne.
C’est avec une petite averse de pluie que nous décollons de Fano en fin de matinée. Les prévisions météo sur le début de parcours, et notamment sur les Alpes, ne sont pas terribles… Déjà, la région de Veneto est sous des orages violents et nous devons légèrement dérouter vers l’ouest sur Verona et Bolzano. Peu avant la frontière italo-autrichienne, Padova Informazioni – le service de contrôle avec qui nous sommes reliés en permanence en cette zone – nous informe que l’espace aérien contrôlé par Innsbruck est interdit de survol à cause d’une réunion de chefs d’Etat (le NOTAM a échappé à notre attention). Nous sommes à 13 500 ft, -10 °C, au milieu de gros nuages. Réchauffement pitot déjà branché, nous cherchons un passage en dehors de la TMA de Innsbruck. Avec beaucoup de disponibilité des contrôleurs italiens, Padova nous coordonne une voie alternative avec déroutement et le survol de l’aéroport de Kufstein (LOIK), en Autriche, en dehors de l’espace interdit. Nous insérons LOIK dans le Garmin 530 et une ligne magenta apparaît. « Direct to » et après 15 minutes nous sommes sur le point.
Vue des Alpes à travers les nuages.
Dans les nuages, à 13 500 ft pour le passage des Alpes, nous nous équipons d’oxygène. À cette altitude, au-dessus des Alpes autrichiennes, du givre commence à se former sur les ailes et la couche de nuages nous laisse entrevoir que trop rarement les magnifiques sommets alpins enneigés. Après le passage des plus hauts sommets, nous redescendons à 10 500 ft et survolons les collines et plaines de l’Allemagne avec une météo un peu plus clémente. Les contrôles radar allemands sont plutôt efficaces et Munich Radar nous accompagne jusqu’à destination.
Nous arrivons à l’aéroport de Leipzig Altenburg (EDDP) à 15 h 45. C’est un petit aérodrome tranquille à une cinquantaine de kilomètres de Leipzig. Le ciel est couvert mais la température douce (24 °C). Rapidement, nous avitaillons pour être prêts le lendemain. Les taxes et l’essence seront payées demain avant le départ : plein de confiance nos amis allemands… Nous terminons la journée par un agréable tour de ville à la découverte de ses nombreuses curiosités et notamment l’église St Thomas où est enterré JS Bach, l’ancienne mairie avec son imposant bâtiment et tout le quartier central ancien. Il y règne une animation toute particulière. C’est la « BACHfest », un festival de musique classique ouvert a tous sur la place centrale avec la retransmission en direct sur écran géant d’une magnifique interprétation du requiem de Mozart par un ensemble d’artistes allemands qui se produisent à l’église St Nicolae.
Fête de la musique sur la place centrale de Leipzig.
Leipzig Altenburg – Stockholm Bromma
Ce matin, il nous faut remettre les chaussettes et les doudounes. Tout est couvert et il bruine un peu. Retour à l’aéroport d’Altenburg avec le même taxi qu’hier : c’est 45 minutes de route à travers une verte campagne et d’immenses forêts. Le plan de vol que nous avons préparé la veille a des difficultés à être envoyé à Munich à cause d’un fax en panne. L’opérateur de la tour prend sa voiture et s’engage à l’envoyer. Nous décollons à 10 h 15. Le ciel est couvert en début de parcours, ensuite, c’est le grand beau sur le nord de l’Allemagne. La traversée de la zone de Berlin est faite sous contrôle radar permanent. Les plus petites déviations ou changements d’altitude nous sont immédiatement mis en évidence, c’est appréciable d’un point de vue sécurité.
Le sud de la Suède, survolé avec une météo légèrement nuageuse, est un immense patchwork de lacs et de forêts de sapins. Il y a sporadiquement quelques habitations, villages : c’est la nature à l’état brut. Nous approchons de Stockholm sans trop de difficulté : il n’y a pas beaucoup de trafic à ce moment-là mais un vent fort de travers nous attend. L’atterrissage à Bromma (ESSB) est un peu sportif… Premiers contacts avec la Suède, l’accueil est très chaleureux et professionnel mais les tarifs de handling nous ramènent vite à la réalité des grands aéroports européens.
Nous rejoignons Stockholm et notre hôtel avec le bus. Nous avions réservé une cabine dans un bateau hôtel qui a le mérite d’être idéalement situé près du centre mais laisse quelque peu à désirer au niveau de l’accueil et de l’entretien. Balade découverte de la ville avec le palais royal, les maisons du Parlement, le musée national et les petites ruelles typiques du quartier ancien. Dîner italien chez Michelangelo. Il est 22 h 15 et il fait encore grand jour !
Stockholm, le palais royal vu de notre bateau hôtel.
Stockholm Bromma – Kiruna
Il fait beau lorsque nous décollons à 11 heures, juste quelques nuages épars. Par contre, nous ne savons pas encore s’il nous sera possible d’atteindre Cap Nord ce soir car les prévissions météo sur cette région ne sont pas favorables. Nous avons donc prévu des alternatives pour nous arrêter avant, avec notamment Kiruna (ESNQ). C’est une longue journée plein nord avec un vol de 4 heures prévu jusqu’à Kiruna, puis 2 heures pour atteindre Cap Nord qui est desservi par le petit aéroport de Valan-Honningsvag, en contrebas de la falaise.
Survol de la côte nord-est de la Suède ne direction de Kiruna.
Nous volons à 4 000 ft en dessous de la couche nuageuse, le voyage est très secoué jusqu’à Kiruna. Sur tout le parcours ce sont d’interminables paysages uniformes avec de vastes étendues plates de forêts et de lacs et de moins en moins de traces d’habitation. Nous arrivons sur Kiruna avec une couche nuageuse basse et dense et un fort vent de travers de 19 nœuds avec des rafales à 25 nœuds. L’atterrissage est fait de mains de maître ! Pas évident de gérer ces rafales soudaines et violentes ! Il fait 9 °C à l’arrivée… Oui, c’est l’été ! Nous n’osons même pas imaginer le mois de décembre ici.
Finalement, après consultation du bulletin météo, les conditions ne sont pas bonnes pour le Cap Nord cet après-midi : orages en cours, nuages bas, le vent du nord y souffle très fort et la piste n’est pas orientée favorablement. Les prévisions donnent pour le lendemain une petite amélioration avec réduction de l’intensité du vent. Nous décidons donc de passer la nuit à Kiruna dans un confortable hôtel. Pratiquement pas de nuit ici déjà. Il faut bien fermer rideaux et volets pour plonger la chambre dans l’obscurité et trouver le sommeil réparateur.
Finalement, après consultation du bulletin météo, les conditions ne sont pas bonnes pour le Cap Nord cet après-midi : orages en cours, nuages bas, le vent du nord y souffle très fort et la piste n’est pas orientée favorablement. Les prévisions donnent pour le lendemain une petite amélioration avec réduction de l’intensité du vent. Nous décidons donc de passer la nuit à Kiruna dans un confortable hôtel. Pratiquement pas de nuit ici déjà. Il faut bien fermer rideaux et volets pour plonger la chambre dans l’obscurité et trouver le sommeil réparateur.
Kiruna – Cap Nord – Valan-Honningsvag
Quelques gouttes de pluie et un ciel bien couvert nous accompagnent pour le départ de Kiruna. Il fait 7 °C, mais le vent a un peu faibli. Tout le parcours s’effectue en dessous des nuages, sur le nord de la Suède avec, au loin, à l’ouest, les cimes enneigées de la Norvège. Après le survol d’une petite enclave de la Finlande, nous atteignons enfin la Norvège.
À 4 500 ft, nous traversons de plus en plus de nuages. À cause des montagnes qui culminent à environ 1 000 mètres, nous faisons une partie du vol au-dessus de la couche jusqu’à Banak où nous commençons la descente jusqu’à 1 800 ft pour sortir de la couche nuageuse et entamer le fjord de Porsangerfjorden.
La météo se dégrade encore, nous descendons à 800 ft pour être complètement hors des nuages, traversons des averses et, sous un ciel menaçant couleur d’encre, nous avons finalement en vue les falaises abruptes et impressionnantes du Cap Nord. C’est à ce moment que nous amorçons un virage sur la gauche pour l’approche sur l’aéroport de Valan-Honningsvag (ENHV). Celui-ci est situé en bordure de la mer, au pied de la falaise. Il faut longer la montagne avant d’effectuer un virage serré sur la droite pour s’aligner à la piste. Le vent annoncé est de 18 nœuds, à 50 degrés par rapport à la piste avec orientation E-W. L’atterrissage est parfait.
Nous sommes heureux d’avoir atteint notre but. Colombo en tire sans doute encore une plus grande satisfaction en tant que pilote d’avoir réussi ce challenge dans des conditions peu favorables, il faut bien admettre. En tant que passagère, l’expérience est tout aussi forte avec une approche plutôt impressionnante. La confiance dans le pilote doit alors être totale !
Les coquettes maisons de pêcheurs sur le fjord de Kirkeporten.
Les falaises du Cap Nord en vue, avant l’amorce du dernier virage pour l’aéroport de Valan Honningsvag.
L’accueil de l’équipe de l’aéroport est très chaleureux. Ils nous offrent un délicieux café chaud pour nous remettre des 7 °C enregistrés à l’arrivée, avec un ressenti à 4/5°C en raison du vent glacial. Notre taxi nous conduit ensuite à Kirkeporten camping ou nous attend une maisonnette en bois agréablement chauffée. Promenade découverte dans le village qui est un petit bourg de pêcheurs battu par les vents avec des maisons en bois coloré, un port de pêche et ses quelques chalutiers et une usine de conditionnement de produits marins. Nous regrettons vraiment de ne pas avoir avec nous les bonnets et les gants !
Le soir venu, nous escaladons les monts environnants pour avoir une vue imprenable sur les fjords et le soleil de minuit. Le vent est glacial et nous gèle littéralement les oreilles mais le spectacle est magique… Vers 23 h 40, à l’horizon, le soleil est au plus bas et vient raser l’océan avant d’amorcer rapidement sa remontée dans le ciel azur. À mi-nuit, il fait jour comme s’il était 9 heures du matin dans nos contrées tempérées.
La lumière est splendide et inonde les collines environnantes en faisant exploser toutes les couleurs, le soleil joue de ses reflets de mille feux sur l’immensité de l’eau. C’est beau et émouvant d’être là, au bout du monde, à la pointe extrême nord de notre continent et d’être témoin d’une telle force et d’une telle beauté de tous les éléments naturels. Difficile de trouver le sommeil après une telle expérience et avec le soleil qui joue à cache-cache derrière les fins rideaux de notre maisonnette…
L’équipage arrivé à destination sous le ciel gris de Valan Honningsvag. Notre avion est le seul sur le tarmac.
Kirkeporten – Cap Nord
Nous décidons de prendre le bus pour nous rendre à Cap Nord, l’emblématique, le mythique Cap Nord. Le ciel est un peu plus clément mais le vent est fort et toujours aussi froid. Après un peu d’attente, nous comprenons vite que nous avons raté le créneau et entamons le parcours en marchant. Les 13 km qui nous séparent de l’objectif du jour ne semblent pas de tout repos. Après environ 6 km de montée, Colombo lève le pouce et ce sont deux sympathiques jeunes Suisses qui finalement nous sauvent la mise et nous conduisent à bon port.
La route traverse une région vallonnée d’herbe rase où paissent des troupeaux de rennes. Çà et là, un lac, un bras de mer encaissé. L’arrivée sur site est saisissante, c’est le bout du monde, une zone rocheuse très aride avec des falaises grises abruptes plongeant brutalement dans l’océan Arctique. Nous faisons la traditionnelle photo sous le globe planté à l’extrémité nord du cap puis faisons le tour des installations et des animations retraçant notamment les péripéties historiques au Cap Nord avec les premiers pionniers qui s’y sont aventurés, les combats navals durant la Seconde Guerre mondiale non loin de là…
Sous le globe du Cap Nord.
Nous apprécions également le film réalisé sur l’alternance des saisons au Cap Nord, de l’âpreté, la rigueur et la désolation pendant les longs mois de la saison hivernale au retour à la vie avec le dégel, la revanche de la faune et de la flore. La mise en musique donne toute sa force aux magnifiques images de ce documentaire. Puis nous visitons la grotte des lumières où nous assistons en musique et en images aux changements brutaux qui s’opèrent au rythme des saisons. Nous repartons après un léger déjeuner au restaurant du site avec une fantastique vue sur le cap et la mer.
Valan-Honningsvag – Banak – Bronnoy
Nous décollons de Valan vers 9 h 45, une fois de plus avec une météo qui n’est pas en notre faveur. Toutefois, quelques morceaux de ciel bleu apparaissent… Un survol de Cap Nord – fort heureusement découvert – est bien sûr dans le programme ; il nous permet un extraordinaire aperçu de cet énorme plateau rocheux qui tombe à pic dans la mer.
Notre prochaine escale est Banak (ENNA) pour y faire le plein. Le temps se dégrade de plus en plus, nous traversons les nuages en continuité et essuyons plusieurs averses.
À l’approche du terrain, le ciel s’ouvre un peu et nous pouvons atterrir en toute tranquillité, juste après un bon orage qui a rendu la piste complètement mouillée. C’est un petit aéroport comme nous les aimons, avec peu de trafic. Les deux jeunes filles de la tour nous accueillent chaleureusement et nous repartons sans payer aucune taxe.
Le magnifique éclat du soleil de minuit.
Refueling à l’aéroport de Banak, après l’orage.
Nous avons 3 heures de vol pour rejoindre Bronnoy (ENBN). Nous montons à 7 500 ft pour franchir les montagnes en toute sécurité. Au-dessus de la couche nuageuse, quelques trous de-ci de-là nous laissent entrevoir de magnifiques paysages enneigés. Le vol est assidûment suivi sous contrôle radar et nous sommes souvent appelés pour changer de centre avec des noms de stations souvent imprononçables et incompréhensibles pour nos oreilles latines.
Puis nous passons les deux heures suivantes à 3 500 ft au-dessus de la mer à longer la côte norvégienne. Le ciel est dégagé, c’est magnifique. Nous profitons pleinement du spectacle de cette côte de dentelle creusée de fjords grandioses avec le contraste du bleu profond de la mer parsemée d’îlets et du vert soutenu des montagnes herbeuses. Il y a des chapelets d’îles plus ou moins grandes, certaines accueillantes et habitées, d’autres inaccessibles et flanquées de pics rocheux escarpés jusqu’à la mer… Une envie de faire une photo après l’autre pour ne rien manquer et ne rien oublier ! Le spectacle continue ainsi jusqu’à Bronnoysund, petite ville située sur une île.
L’aéroport est de petite taille avec un trafic intérieur seulement. Notre hôtel est à deux pas et à 30 mn à pied du centre. La mer est omniprésente et enveloppe de ses bras toute la ville égayée de ses nombreuses maisons de bois peint. Tout est propre et bien organisé, les gens sont cordiaux et respectueux. Il est 22 heures, le soleil brille de tous ses feux !
Les somptueux fjords de la côte norvégienne.
Bronnoy – Bergen
Départ de Bronnoysund à 10 h 30 avec un ciel partiellement nuageux et un vent moyennement fort. Les trois premières heures sont paisibles avec beau temps et vue imprenable sur les fjords, lesquels se succèdent et font face à de nombreux îlets posés comme des gouttelettes sur le miroir de la mer. Plus nous descendons vers le sud et plus les magnifiques paysages du continent et les îles sont ponctués de villages et de villes pleines d’activité.
L’autopilote fait son travail de manière excellente lorsque survient une panne de l’horizon artificiel, le cerveau de l’AP cesse de fonctionner… Petite panique immédiatement récupérée, c’est le moment de revenir aux bonnes vieilles méthodes de pilotage manuel que Colombo pratique heureusement avec brio depuis plusieurs décennies. L’avion est stable et le vol ne subit aucune modification. La panne dure une dizaine de minutes puis, petit à petit, l’horizon se remet à fonctionner. L’instrument méritera une attention supplémentaire. Nous atterrissons sans difficulté sur l’aéroport de Bergen (ENBR) et faisons directement le plein. C’est une station self-service avec carte de crédit mais pour une raison inconnue, cela ne fonctionne pas pour nous et il faudra plus de trois préposés de l’aéroport pour y parvenir.
Maisons typiques de brique colorée sur le port de Bergen.
De notre hôtel, un bus nous amène directement au centre de Bergen. C’est une ville pimpante et agréable toute tournée sur la mer. De jolies maisons de bois coloré parsèment les collines qui forment la ville. Le centre est très animé, c’est le week-end et les terrasses des cafés sur le port face à ce magnifique alignement d’anciennes bâtisses de bois peint, ne désemplissent pas. Les anciennes remises de marins et autres échoppes d’artisans ont été restaurées à l’identique et sont maintenant des restaurants, cafés ou autres boutiques à la mode. Sur le marché du port, nous dégustons un délicieux saumon grillé servi par deux Italiens originaires d’un petit village à quelques kilomètres de chez Colombo… Le monde est petit !
Bergen – Copenhague Roskilde
Le vol de 2 h 45 pour rallier Copenhague Roskilde (EKRK) s’effectue avec une météo mitigée. Nous quittons les paysages contrastés et imposants des fjords, les immenses forêts de sapin de la Norvège avec la traversée de la mer du Nord et atteignons la pointe nord du Danemark, immense espace sans relief et uniformément vert. Tout y est cultivé et parfaitement ordonné.
Le plafond nuageux que nous rencontrons sur la Danemark est toujours bas. Plus nous avançons, plus nous descendons et nous arrivons à proximité de l’aéroport à 1 000 ft sol. La tour nous autorise une approche directe sur la piste, vu la basse intensité du vent. Le ravitaillement se fait rapidement. De la gare de Roskilde, nous rejoignons avec le train le centre de Copenhague. C’est une ville agréable, aérée de grands parcs et bâtie sur les nombreux canaux. La bicyclette y est reine. P-DG en cravate et mères de famille avec leur progéniture, jeunes et moins jeunes empruntent quotidiennement les nombreuses pistes cyclables. C’est vraiment le moyen de déplacement privilégié de toute une population dans une ville où il n’y a, je pense, aucune pente significative !
Pour nous, c’est visite à pied du centre, animé de toute part en ce jour de fête de la musique, de l’ancienne mairie, imposant bâtiment sur la place centrale de la ville, en passant sur le port et ses anciennes maisons de bois peint, la cité du futur, le bâtiment futuriste du Palais des congrès, jusqu’aux magnifiques jardins de Tivoli habités par la plus belle et la plus reconnue des petites sirènes… Une dizaine de kilomètres de marche à notre actif !
Copenhague Roskilde – Kassel – Annemasse
Après être restés une journée sur place à cause de la mauvaise météo, c’est sans grande conviction que nous prenons le départ ce matin, mardi. La météo n’est vraiment pas terrible sur l’ensemble du parcours. Colombo prépare son plan de vol avec des aéroports de dégagement car le territoire à survoler ne nous est pas familier et nous devons tenir compte des imprévus possibles. Le début du voyage et le survol du Danemark s’effectuent dans des conditions plutôt bonnes malgré quelques averses.
Copenhagen Roskilde, un aéroport pratique et convivial.
Âpres la traversée de la Baltique, nous atteignons l’Allemagne avec une météo qui se dégrade de plus en plus : averses successives, ciel bas et totalement fermé. C’est un vol un peu stressant. Les contrôles allemands nous informent que l’escale prévue à Sieger-land n’est pas envisageable en raison de très mauvais temps et d’une visibilité insuffisante et nous sommes déroutés sur Kassel (EDVK), un des aéroports que Colombo avait pris comme escale alternative. Plein de carburant pour l’avion et pause déjeuner pour l’équipage dans ce sympathique aéroport.
La place de l’Hotel de Ville à Copenhagen.
Malgré un appel à Genève avec des nouvelles rassurantes sur la météo, nous peinons à croire, lorsque nous décollons, que cela peut s’améliorer au vu de ce que nous traversons. Le ciel est toujours uniformément gris sur toute la traversée de l’Allemagne et le nord-est de la France. À la traversée de la zone de Ramstein, base OTAN en Allemagne, une coupure de signal GPS nous arrive sur les trois instruments de navigation (2 Garmin 530 et 430 et la tablette). La tour nous confirme que la panne n’est pas habituelle et après quelques minutes, le signal revient. Au fur et à mesure que nous descendons, les éclaircies arrivent enfin et c’est avec un grand beau soleil que nous atterrissons à Annemasse (LFLI) avec toutefois un vent de travers assez fort. Nos enfants nous attendent sur la piste… Que du bonheur !
Annemasse – Fano
Mercredi, Colombo part tout seul, la description de ce vol lui appartient. Annemasse est un aéroport en auto information. Après le décollage, je contacte « Genève info » pour transmettre mes intentions : autorisation à monter à 8 500 ft et ensuite à 13 500 ft. La journée est pour la première fois CAVOK (Clouds And Visibility OK), temps idéal pour admirer le Mont-Blanc dans toute sa majesté. Je traverse les Alpes à une altitude inférieure à la hauteur du Mont-Blanc, j’en ai des images impressionnantes. Le temps passant, le paysage change continuellement et les images qui défilent sont encore plus belles et spectaculaires que celles des cartes postales locales.
Avant d’arriver à la frontière, Genève me quitte pour « Milano info » qui m’annonce qu’il n’y a aucun trafic dans la zone. Les Alpes franchies, je survole les pré-Alpes italiennes et c’est là que Milano info me demande de descendre à 2000 ft pour laisser libre l’espace de la zone de Milan. Quitter 13 500 ft pour 2000 ne se fait pas si rapidement et je suis obligé, avant Biella, de « circuiter » pour perdre de l’altitude. De Biella à 2000 ft et ensuite à 1 000 ft, je continue de traverser la Pianura Padana avec une visibilité exceptionnelle qui me permet de voir déjà la mer à cette distance, en m’approchant de Bologna.
Traversée des Alpes après Annemasse sur le chemin de retour vers l’Italie.
La joie d’être presque arrivé et d’avoir réussi cet exploit, en tout cas pour moi, se mélange à la tristesse de ne pas avoir avec moi ma coéquipière préférée, Agnès, et de ne pouvoir nous féliciter de la réussite de ce voyage mené a bien. Non, je ne veux pas déjà arriver à Fano et j’entame le reste du voyage en suivant les sommets des Apennins, ce qui me fait rallonger le vol de quelques dizaines de minutes.
Le contact radio avec « Rimini approche » me ramène à la réalité : j’arrive à destination, fatigué, mais extrêmement heureux. Il y a 12 jours seulement, ce vol était encore un rêve… A Fano, personne sur le parking à m’attendre, personne pour me faire les compliments. Mais en regardant l’avion, sur ses trois roues, en pleine forme, le ciel complètement bleu, j’oublie le mauvais temps, le froid, les petites pannes de navigation et je me dis « quelle belle aventure ! »
Il est intéressant de noter que durant tout notre voyage, dans les différents pays européens, à aucune escale il ne nous a été demandé nos papiers ou ceux de l’avion ! Vive l’Europe. Ce magnifique périple s’achève. Malgré des conditions météo souvent défavorables, des heures de vol sans doute éprouvantes, nous en garderons des souvenirs impérissables et des belles images plein les yeux.
La petite sirène d’Andersen à Copenhagen.