Par Claude Lelaie, ancien directeur des essais en vol d’Airbus.
Je suis vraiment attristé par l’indigence de la communication en France sur les accidents aériens dans les médias non aéronautiques. À part une toute petite poignée de journalistes qui maîtrise parfaitement le sujet, les hypothèses les plus farfelues sont reprises en boucle par des journalistes qui, sans doute, ne « reconnaissent pas l’avant de l’arrière d’un avion ». Ils sont quelquefois aidés par de soi-disant experts qui, parce qu’ils ont 15 000 ou 20 000 heures de vol à leur actif comme pilote de ligne, s’imaginent qu’ils sont capables d’expliquer les causes des accidents en temps quasi-réel, alors même que les spécialistes du BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses) et du constructeur sont encore dans le noir complet. L’accident de l’Air Asia a été une caricature de tout cela. Alors que les enregistreurs n’avaient pas encore été repêchés, l’agence indonésienne a prétendu dans un rapport que les conditions météorologiques étaient la cause du crash. Et je revois encore un « expert » auto-proclamé nous expliquer que c’était sûrement vrai, compte tenu de son expérience car, une fois, il avait rencontré un fort givrage !
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