Voir Tan-Tan…
Par Michel Foret, Photographies de l’auteur
Dans la tête des trois compères que nous sommes – Alain, Michel, Philippe, depuis plusieurs mois, l’idée se concrétise d’abord sur le papier et les écrans de tablettes : multiples logs, multiples consultations de sites, multiples lectures de récits, multiples contacts avec ceux qui « l’ont fait », etc. Tous furent riches d’enseignements et leurs conseils ô combien nécessaires. Qu’ils en soient sincèrement remerciés, d’autant que parfois, c’est aussi, non plus avant mais pendant le voyage que nous eûmes recours à leurs services.
Une bonne dizaine de projets virtuels plus tard, le voyage s’établit ainsi : Lyon – Lézignan – Palma de Majorque – Almeria — Al Hoceima – Fès — Er-Rachidia – Ouarzazate – Tan-Tan – Cap Juby Tarfaya – Fuerteventura – Lanzarote et retour via Essaouira – Cascais – Lisbonne – Coimbra – Vigo – Santander – Andernos — Brioude – Lyon. Programme dense s’il en est. 17 jours : du 20 mars au 5 avril. Une quarantaine d’heures de vol. Les diverses divinités mythologiques de la météorologie en décidèrent bien entendu différemment. Pluies, nuages, vents en France, puis au Maroc et à nouveau en France retardèrent le départ et modifièrent singulièrement le programme initial.
Vrais calculs, faux départs
Avec trois pilotes pas tous légers, leurs effets personnels, des outils, des chambres à air, des bidons d’huile, une VHF de secours, des tablettes, des GPS, un PC, des chargeurs divers, une (lourde) documentation papier, des gilets de sauvetage, etc., le manuel de vol, les tableaux, abaques et autres diagrammes sont formels : le Cessna 172 F-HCFX n’embarquera pas en plus 212 litres d’Avgas. Autonomie, rayon d’action, régime économique, distance maximale… Les avis divergent mais sagesse, raison et sécurité l’emportent…
Vendredi 20 mars, premier faux départ pour cause météo, suivi d’un deuxième faux départ le lendemain, d’un troisième, le surlendemain… Le lundi, CAVOK à Lyon mais Pyrénées infranchissables. Les bagages sont extraits de la soute. L’avion allégé et, dépités, nous partons déjeuner pour patienter à Nuits-Saint-Georges, où est situé un sympathique restaurant dont le patron vient chercher ses clients au terrain, si proche qu’il est en fait accessible à pied. Retour via Les Eplatures, Lausanne et Annecy. On est loin du Maroc…
Temps correct le jeudi mais il souffle à Lézignan, la première étape envisagée, le vent est jugé trop violent. Direction Montpellier Candillargues donc pour refueling, sandwiches et dépôt de plan de vol (FPL). Cap sur Castelon de la Plana via Perpignan et Cap Creus. Le temps se dégage sur les Pyrénées, le Canigou est bien visible, aucune difficulté avec le contrôle de Barcelone, l’avion vole bien et son AP facilite la tâche de l’homme à la barre. En place droite, le pilote qualifié anglais et, en qualité de pax, un troisième pilote en cours de qualification anglais. Le CdB sur l’étape est le plus ancien.
Almeria, dernière étape européenne. Nous n’avons ni n° de TVA intracommunautaire et notre FLP n’a pas été transmis: les négociations s’engagent…
Le vol se poursuit cool. Arrivée sur Castelon de la Plana où, fin mars, les polders semblent avoir migrés en Espagne. Que d’eau ! Que d’eau ! aurait dit Mac Mahon. C’est aussi ce que pense le CdB en apercevant la piste largement inondée. Pour autant, il n’y pas de NOTAM particulier et Pilatus et Cessna largueurs y font des rotations permanentes. Posé court et accueil chaleureux de nos voisins ibériques. La chaleur de l’accueil n’est pas celle du climat et les polaires sont prestement issues des sacs. Refueling au prix local, c’est-à-dire 1,20 euro supérieur à celui pratiqué en France où l’on ne manque jamais de maugréer contre le prix de l’Avgas. Si en haute saison ou hors saison, le carburant est hors de prix, ce n’est pas le cas de l’hébergement. Hôtel très convenable et quasiment vide à une centaine de mètres de la piste. Donc, longue marche vers un centre-ville qui attend ses touristes. Après dégustation de seiches, paella et dorade sur le port déserté, retour à l’hôtel pour dépôt des plans de vol du lendemain (FPL obligatoire pour tout VFR en Espagne comme au Maroc). Trajets programmés : Castelon de la Plana – Almeria (pour refueling et douanes) puis Almeria – Al Hoceima. Sachant que le Maroc demande 12 heures de préavis pour entrer en VFR privé sur son territoire depuis l’Europe, nous sommes confiants. Expédiés via OLIVIA, confirmés par un n° d’enregistrement, nos plans de vol respectent ce délai et l’on s’endort du sommeil du juste. La suite nous donnera tort.
Où sont les FPL ?
Départ de Castelon de la Plana puis verticale Valencia, première inquiétude. Le contrôle n’a pas connaissance de notre vol. Apparemment le FPL ne lui est pas parvenu. Bizarre… On nous laisse cependant poursuivre notre route après un large contournement de la zone de Valencia et des reports sur des points à la localisation fluctuante selon nos divers documents et autres AirNavPro. Ces quelques modifications de route sont coûteuses en temps (entre autres) et retardent d’autant l’arrivée à Almeria où le handling (quasiment toujours obligatoire en Espagne sur les grands terrains) est efficace. Douanes, refueling (avoir absolument un n° de TVA intracommunautaire) et espoir de départ rapide vers la côte africaine.
Gilets enfilés, moteur tournant, check roulage faite, nous voilà (presque) partis. Un survol maritime relativement bref et Al Hoceima aura le plaisir de nous accueillir dans moins de deux heures. Le message de l’ATC juste avant taxiing douche froidement notre enthousiasme : le Maroc n’a pas eu connaissance de notre arrivée et donc le décollage n’est pas autorisé. L’explication est simple : tout comme le FPL Castelon de la Plana – Almeria qui n’a pas été transmis (ou reçu), celui de Almeria à Al Hoceima ne l’a pas été davantage. Le fameux préavis de 12 heures n’est évidemment pas respecté et l’arrivée retardée d’autant.
Tanger, le café Hafa, une quasi institution. Vent violent et thé à la menthe.
Déception et arrêt du moteur… Selon nos personnalités respectives, on passe de l’abattement à la pugnacité. Cette dernière l’emporte et une épopée administrative s’engage. Après 7 appels téléphoniques (merci Skype) aux multiples échelons de la DGAC marocaine, autant de mails et de documents à compléter et à transmettre (merci AGA, la société de handling), 3 bonnes heures de patience, le feu vert nous est finalement accordé. Retour à l’avion, rebriefing et décollage pour un vol assez bref.
Al Hoceima en vue, l’Afrique, son accueil chaleureux à tous points de vue. L’atterrissage est plus tardif que prévu, l’aéroport désert à l’exception de gendarmes, douaniers, contrôleur, essenciers, etc. Le tout pour trois pilotes ! Contrôles et recontrôles, documents et redocuments à remplir. Le tout avec bonhomie et sourire. Avgas presque au double du prix français et opérations de change un peu laborieuses entre dirhams et euros. Fin d’une journée aéronautique où l’on passa plus de temps à négocier qu’à piloter. Direction la ville pour une première nuit au Maroc. Hôtel modeste mais sympathique, propre et central. Balade nocturne downtown. Tajines à la présentation plus flatteuse que leur dégustation, une bière achetée au magasin d’alcool et une pâtisserie accompagnée d’un premier thé à la menthe.
Direction grand sud
Départ matinal le lendemain. Le même taxi que la veille nous reconduit au même aéroport pour la même dizaine d’euros. Mêmes opérations de police ou gendarmerie, même bonne humeur. Aujourd’hui, nous sommes gratifiés en plus de la visite d’une équipe cynophile. Les braves toutous ne détectent ni drogues, ni explosifs. Tout est OK. Nous voilà rassurés. Nous voilà rassurés. Visite au bureau de piste, accès à la tour pour FPL, NOTAM et direction Er Rachidia via Fes.
Contrôle aussi sympathique qu’efficace, passage de sommets enneigés du Moyen Atlas à 8500 ft, Er Rachidia en vue, survol de grandes étendues d’eau en plein désert. Intégration aisée, finale de même et joli posé. C’est une belle piste, les bâtiments sont récents et bien entretenus comme sur tous les terrains où nous nous sommes rendus. Les VFR monomoteur sont rares… Policiers, douaniers et gendarmes sont souriants. La dimension administrative est toujours omniprésente mais rarement pesante.
Décollage pour Ouarzazate à 16 heures locales. Ce sont désormais les sommets du Haut Atlas que nous survolons ou longeons. Canyons, vallées, palmeraies, maigre végétation parfois et désert souvent. C’est beau d’en haut. 3 000 mètres de piste à Ouarzazate (GMMZ) à 3 700 ft d’altitude avec une température elle aussi élevée. Un peu moins de police à l’arrivée, quelqu’un de l’aéroport nous conduit en ville pour le même prix qu’un taxi. L’Hôtel central se révèle être un bon choix (après avoir visité celui que nous avions préalablement repéré, fort éloigné dans une banlieue peu engageante ; les descriptions sur les sites sont, on le sait, parfois sinon mensongères pour le moins aussi enthousiasmantes qu’inexactes). Souk, dîner couscous et bière locale.
Moyen Atlas, beau temps et neige encore largement présente.
Palmeraie près de Soukra (proche de Ouarzazate). Superbe et tranquille. Perdre, puis retrouver son chemin est un plaisir.
Entrée de la Casbah: 10MAD (Dirham marocain), soit 1 euro… Cela les vaut largement!
Le lendemain, nous louons une voiture dotée de ses quatre enjoliveurs eux mêmes sécurisés par quatre colliers de plastique. Nous visitons un des sites favoris des agences de voyage, à savoir la Casbah Aït Ben Haddou, classée au patrimoine UNESCO. Absolument superbe et évidemment très fréquentée tant par les touristes que par les marchands d’authentiques objets anciens fabriqués quelques jours auparavant. Ouarzazate est la cité du cinéma, de nombreuses scènes de films à grand spectacle et gros budget y furent et y sont tournés. Trompe l’œil, faux vrais et vrais faux y sont donc nombreux. Les boutiques ne font pas exception à la règle.
Après un déjeuner aussi goûteux que peu coûteux, direction une palmeraie aperçue du ciel lors de notre arrivée la veille. Au beau milieu, un hôtel discret et luxueux dont l’accès est ultra protégé ; une résidence prisée et volontairement confidentielle, apparemment privatisée en totalité ce jour-là. À quelques pas de cette Maison de Rêves Dar Ahlam, telle est son nom, quelques modestes maçons retapent la non moins modeste maison du gardien de la mosquée et nous offrent avec une sincère hospitalité un thé à la menthe dégusté sur un moellon. C’est dans la simplicité que se trouvent souvent les grands moments.
Retour à Ouarzazate où un auto-stoppeur autochtone nous propose de le conduire jusqu’à son échoppe. Cela sent le piège-à-gogos. Et ce n’en est pas un, l’homme, sans rien demander, nous offre du safran non falsifié pour l’avoir véhiculé sur une vingtaine de kilomètres. Une épice aussi précieuse que l’or et beaucoup plus coûteuse. Médiocre dîner en ville et seconde mauvaise surprise de la soirée en découvrant la disparition d’un enjoliveur de notre auto de location. Anecdote sans intérêt certes mais lorsque l’on sait que ledit accessoire nous sera facturé quasiment le même prix que la location, on comprend mieux les colliers de sécurité cités plus haut. Heureusement, les détrousseurs de roues n’eurent pas le temps de retirer les quatre enjoliveurs…
Vers Essaouira au lieu des Canaries
Jeudi 29 mars au matin, retour à l’aéroport et prise de cap vers Tan-Tan qui symbolise véritablement le sud du sud marocain. Nous avions pris la précaution de nous assurer à la fois un logement convenable à Tan-Tan et d’y trouver de la 100LL. On commence, là, à avoir, faussement sans doute, l’impression d’être vraiment loin. Au-delà, c’est la Mauritanie où il n’est plus aujourd’hui question de s’y rendre. Les appareils des LAL (Lignes Aériennes Latécoère) s’y posaient il y a 80 ans, c’est désormais proscrit sauf peut-être accompagné par l’Armée de l’Air. Le rêve de Pierre Georges Latécoère « relier les hommes et les continents par les airs » semble devoir être oublié pour quelque temps encore. Dans notre modeste cas, vol sans difficulté bien que le trait de côte stricto sensu soit fort nuageux entre Ouarzazate et Tan-Tan.
Equipé d’une avionique assez performante, le F-HCFX nous donne les informations dont le contrôle a besoin. Ce dernier, peu aidé par la faible couverture du radar civil, contraint les ATC à solliciter fréquemment la position de l’avion et si l’on se mélange un peu les pinceaux entre QDM et QDR, cela change évidemment tout quant à cette position et davantage encore lorsque le DME n’affiche pas la bonne fréquence. Il n’y a fort opportunément ce jour-là que très peu de trafic et encore moins de VFR « amateurs ».
Entre Ouarzazate et Tan-Tan, les Oueds sont déjà à sec en avril
En vérité F-HCFX est bien le seul et unique avion au parking de Tan-Tan (GMAT) airport, également connu sous le nom de Tan-Tan Plage Blanche. Un ATR de la RAM dépose quelques passagers et repart tout de suite. Notre avion dépose quant à lui un passager ! En effet, en matière de taxes et redevances diverses il est préférable d’avoir deux crew members et un passager. Habituelles formalités. Interdiction de photographier.
Direction Tan-Tan Plage. Bien que dans le sud du sud, il ne fait guère beau temps. Le plafond est bas, le vent violent et la température de l’ordre de 10°. La ville est peu séduisante. Strictement aucun touriste dans les rues. Il est vrai qu’il y a peu de choses à visiter. Une ambiance certes, une atmosphère sans doute, un ressenti style désert des tartares et une langoureuse attente de rien mais cela ne fait pas vibrer les foules en tongs. Charmant riad perdu au milieu de nulle part. Trois clients (nous). Chambre agréable. Vue du restaurant sur la mer mais vent, brouillard et froid nuisent un peu à la contemplation. Déjeuner tardif et néanmoins copieux dans une gargote en ville, du poisson, de l’eau et du thé. Visite prestement expédiée. La soirée s’annonce morose.
Nous consultons de nombreux sites météorologiques pour le projet du lendemain, à savoir les Canaries (Fuerteventura et Lanzarote) via Cap Juby Tarfaya. Les TAF, WINTEM, TEMSI et autres vues satellites ne sont guère enthousiasmants. Le moral est donc aussi couvert que le ciel. Sur l’aéroport, cela se dégage pour décoller mais cela paraît très couvert sur la mer et tout autant sur les Canaries. Pas question de percer. Fuerteventura est à 130 Nm et si le demi-tour est envisageable, c’est alors près de 300 Nm pour revenir au point de départ et une incertitude quant à la couverture nuageuse sur la côte…
Er Rachidia, F-HCFX bien seul au parking. Il en sera de même quasiment partout au Maroc où le vol VFR est rarissime.
Essaouira (ex Mogador), une DCA surannée temps où le risque venait de la mer.
aPalabres, désaccords amicaux et abandon de l’idée Canaries pour une destination moins météorologiquement incertaine, à savoir Essaouira. Le vol se fait à moitié au-dessus de la couche sur la partie maritime et à moitié sous la couche sur la partie terrestre, survol de gigantesques étendues d’arganiers, la richesse locale vendue sous forme d’huile (moyennant une vingtaine d’euros le litre sur place et une centaine en Europe).
À Essaouira (GMMI), la présence administrative est plus réduite mais tout aussi chaleureuse que lors de toutes nos escales. L’aéroport, qui accueille nombre de charters, est très bien équipé tant techniquement que commercialement. On y trouve l’adresse d’un hôtel à notre mesure et l’on n’y sera pas déçu. Propre et calme bien que très central. Visite de la ville, de ses célèbres remparts, de ses ruelles et ses très nombreuses boutiques où se pressent des ressortissants de l’Europe entière. On est sociologiquement loin de Tan-Tan. Les restaurants sont légion. De qualité et séduisants à souhait. Difficile de se décider. Par un vrai hasard, nous entrons dans un de ceux lovés dans un riad. Un truculent couple Français installé là depuis des décennies tient avec élégance ce lieu qui n’en manque pas. Le boss est un jazzman batteur ou un batteur de jazz, des jams sont parfois organisés. Ce soir là, rien n’était prévu mais un mini récital improvisé a cependant lieu
Vols et voleurs
Départ le lendemain pour Tanger (GMTT). Le vol suit un cheminement original tracé au crayon sur une vieille carte du Maroc photographiée par une de nos tablettes au bureau de piste lors du dépôt du FPL. Il faut contourner Casablanca et Rabat, suivre le trait de côte pour arriver sans difficulté en étape de base puis une finale sur l’Atlantique. Les pistes sont longues, le contrôle efficace. Refueling habituel à l’arrivée (nous évitons la condensation nocturne) et taxi en centre-ville vers un hôtel trouvé sur une documentation en salle d’arrivée de l’aéroport.
Nous visitons la médina et ses souks, le tout évidemment très commerçant. Beaucoup de monde, une bousculade suspecte et un iPhone en moins. Pickpockets astucieux et efficaces. Le volé n’a rien vu et les voleurs ont disparu dans la foule. Le lendemain matin, après le deuil du téléphone, direction le célèbre café Hafa à flanc de falaise, toujours aussi caractéristique et insolite. Après l’achat de quelques babioles, nous repartons pour l’aéroport, direction l’Espagne avec pour stricte consigne de ne pas survoler une résidence royale à Tanger. Au bureau de piste, la contrôleuse nous donne toutes les indications nécessaires, y compris des points de report en mer qui nous avaient échappés. Elle nous confirme que notre mésaventure concernant le FPL non déposé dans les temps il y a une dizaine de jours a été relayé dans plusieurs aéroports de la côte. Fort vent au décollage, report sur les points indiqués et transit quasi verticale LXGB (Gibraltar) en évitant la zone de Séville. Photos du célèbre rocher et de la non moins célèbre piste coupée par l’avenue Winston Churchill qui joint l’enclave britannique à l’Espagne. Compte tenu du vent violent et des turbulences toujours présentes autour du rocher, nous renonçons à la demande d’un low pass. Vol tranquille bien que venteux, cap vers Grenade où le handling est efficace et le séjour plaisant en pleine semaine pascale. Il y a énormément de monde dans les rues, beaucoup de cérémonies religieuses et de processions quotidiennes. Ferveur et business.
Gibraltar, son rocher, sa piste d’atterrissage et sa couche nuageuse.
Au décollage de Grenade (LERS), nous demandons sans y croire un passage 1 500 ft overhead l’Alhambra. Bonne surprise, c’est accordé. Photos du célèbre site maintes fois remanié, superbe témoin architectural de la présence musulmane dans la péninsule. Puis cap sur les Baléares. Le transit VFR est compliqué du côté d’Alicante où l’on doit se reporter sur une série de points puis revenir sur certains avant de retourner sur les précédents et finalement être autorisés à passer. En vue d’Ibiza, quelques nuages, superbe survol de la côte ouest de l’île, le terrain et la ville sont à l’est. Quelques îlots, on descend à 3 500 ft obligatoires. La couche, non soudée mais bien formée, est basse. Nous continuons sur Palma de Majorque, de plus en plus bas. Il y a de moins en moins de place entre la mer et l’avion. C’est peu rassurant. Quelques bateaux sillonnent la mer, nous ne les perdons pas de vue. Cela peut servir… La traversée dure en principe 45 minutes environ. Elles paraissent bien longues.
Contact avec Palma APP qui demande de descendre encore un peu. 1 000 ft ASL. Nous y étions quasiment. Majorque est en vue. Toujours à 1 000 ft, il faut trouver le point d’entrée de San Bonet (LESB). Attention à ne pas confondre San Bonet (LESB) avec Palma (LEPA) qui sont vraiment très proches l’un de l’autre. Le premier est plutôt réservé aux loisirs, le second aux vols commerciaux, extrêmement nombreux en provenance de toute l’Europe. Posé après plus de 3 heures de vol depuis Grenade. Ce petit terrain est sympathique à souhait. Pas de handling, peu de formalités. Fuel à certaines heures.
Cadaques: la frontière virtuelle française est toute proche.
Après deux 360 d’attente, finale légèrement un peu haute face au nord à Lyon-Bron.
Dimanche 5 avril, décollage pour retour vers Lyon. Refueling au prix record de 3,12 euros/litre. Météo convenable en dépit du vent violent toujours présent. Passage du cap Formentor, direction cap Creus (pour faire simple frontière Espagne France). Au niveau 95, les GPS annoncent 65 kt de vitesse sol. Les minutes tournent vite, la distance diminue lentement et l’essence baisse. L’un de nous annonce péremptoirement que nous serons minimum fuel à l’arrivée. Les jauges disent le contraire. Re-calcul avec les bonnes valeurs sans confondre km/h et Nm ou US galons et litres et l’inquiétude retombe. L’estimation avant décollage était la bonne et nous aurons bien plus que la réserve réglementaire à l’arrivée.
En vue des côtes, verticale Cadaques et changement de destination, trop de vent de travers à Lézignan, on poursuit donc vers Candillargues qui était il y a une dizaine de jours notre première étape. Tout y est fermé. L’automate TOTAL fonctionne. Dernière branche vers Lyon (LFLY) en évitant la vallée du Rhône où le vent est sans doute encore plus violent. Passage Alès-Aubenas-Annonay. 30.36 heures de vol depuis le départ initial. Aucun problème mécanique hormis une ceinture de sécurité arrière (changée peu avant le départ) qui refuse de fonctionner. N’étant que trois cela ne nous guère perturbés !
Grands mercis !
Merci à Jean Michel Durieux pour ses conseils de pilote qui connaît très bien ces régions ; à Francis Mercier pour ses conseils sur les cheminements VFR (déjà pratiqués dans ces lieux) ; à A. Chasseing pour plusieurs expériences sur le Maroc sur le même type d’appareil ; à Michel Asciclo pour la mécanique et la préparation du Cessna ; à Donald Tuck, pilote belge qui a fait un circuit semblable en mai 2014 ; au personnel de AGA handling à Almeria pour sa patience et sa gentillesse lors d’une trop longue escale ; au SIA Maroc pour nous avoir obtenu un laissez-passer suite à l’erreur du SIA France et merci à la contrôleuse de Tanger pour sa gentillesse et ses indications de points de report ne figurant sur aucune carte !